Départ du village médiéval circulaire d’Issigeac, ses ruelles étroites et son architecture de pierre et de bois. Le chemin rejoint les terres cultivées et la forêt, traverse le village de Bardou et son église romane primitive, Naussanes, ancienne commanderie hospitalière, avant d’arriver au pied des remparts de la bastide de Beaumont. Fondée en 1272, Beaumont fut au Moyen Âge une des plus importantes bastide du Périgord. L’itinéraire remonte ensuite l’étroite vallée du Fonfourcade à travers bois jusqu’au village de Saint Avit Senieur.
étape 20km
Issigeac - Saint-Avit Senieur
ISSIGEAC
Le bourg médiéval d’Issigeac conserve l’image d’une cité inscrite dans ses vieux murs. Son originalité réside dans l’organisation concentrique du tissu urbain. Le tracé de l’enceinte fortifiée de la fin du XIIe siècle est conservé, où des maisons sont construites aux XIVe et XVe siècles. On peut aussi y voir le corps de logis de l’ancienne prévôté du XVIIe siècle, avec son pigeonnier d’angle. L’originalité du réseau viaire de la cité s’incarne dans un dédale de petites rues animées de maisons dotées d’échoppes. Leur rez-de-chaussée en pierre est surmonté d’un étage en encorbellement édifié en pan de bois hourdis de torchis ou de petites briques.
Au départ de la cité médiévale, le chemin vous amène sur le plateau dans des paysages ouverts.
A 6 kilomètres d’Issigeac se profile au sommet d’un coteau le village de Bardou. L’abbaye de Cadouin envoya trois moines christianiser cet endroit où au XIème siècle les cultes païens étaient encore vivaces. C’est ainsi que fut construite l’église actuelle de style roman primitif. Le château de Bardou, un peu en dehors du bourg, englobe les restes d’une forteresse anglaise du XIIIème appelée à l’époque « Fort Saint John ». Le capitaine anglais finança la petite chapelle gothique qu’il fit adjoindre à l’église pour suivre la messe en famille.
Le chemin repart ensuite sur le plateau jusqu’au village de Naussanes. Un petit détour par l’église permet de découvrir cette ancienne chapelle d’une commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jerusalem devenue église paroissiale à la Révolution. Au sud du sanctuaire, un oratoire “Notre-Dame-de-Lourdes” a été construit en 1958 avec les restes d’un pigeonnier.
la bastide de beaumont du périgord
Chemin faisant, nous rejoignons une nouvelle bastide sur notre itinéraire, Beaumont-du-Périgord. La monumentalité de son église fortifiée, l’une des plus importantes du Périgord, nous rappelle que cette région fut le théâtre de très nombreux conflits durant la guerre de Cent Ans. Beaumont en apporte le témoignage car, hormis son église, on découvre aussi des remparts relativement bien conservés.
Créée en 1272 par Edouard Ier, roi d’Angleterre, à partir de terres données par le seigneur de Biron, l’abbé de Cadouin et le prieur de Saint-Avit-Senieur, cette cité présente le plan caractéristique des bastides avec une place centrale bordée de cornières ou galeries ( ici sur trois côtés), et des rues ( les « charretières » et les « traversières ») se coupant à angle droit.
Les habitants de cette bastide bénéficiaient d’un statut exorbitant du droit commun : une charte de coutumes fut accordée très tôt aux habitants qui bénéficiaient ainsi de franchises avantageuses puisqu’ils étaient propriétaires de leurs terres et que, ni le bayle, représentant le roi, ni les consuls (édiles de l’époque) ne pouvaient arrêter un habitant de la localité ou se saisir de ses biens.
La halle symbolise la raison d’être économique de la bastide. Comme souvent dans les bastides pourvues d’une enceinte fortifiée, la construction de ce système de défense se fait dans un second temps, autour de 1320, et notamment justifié par la guerre de Cent Ans. La double porte de Luzier laisse entrevoir deux limites successives de la bastide. La porte intérieure a été construite au droit de la levée de terre du mur de clôture. La porte extérieure a été édifiée au droit du mur d’enceinte, dont quelques vestiges subsistent, enserrant une première rangée de jardins.
Beaumont prospéra harmonieusement, en dépit de la guerre franco-anglaise. Il faut avouer que la ville resta essentiellement sous domination anglaise, ce qui lui épargna les mises à sac répétées chaque fois qu’un des belligérants reprenait le territoire perdu.
Les Français reprirent définitivement la ville en 1442. De cette période troublée, comme des guerres de Religion qui causèrent quelques dommages un siècle plus tard, l’église du XIIIème dédiée à Saint-Laurent et Saint-Front, est un bon témoignage du temps.
De style gothique, cette « forteresse » flanquée de quatre tours présente un chemin de ronde au-dessus des murs gouttereaux. Ce chemin de ronde donne accès à des logements militaires situés sur les transepts, et à une vaste salle d’armes au-dessus du chevet. Autre dispositif militaire, une bretèche avec assommoir défend une des portes sud. La présence d’un puits à l’entrée de la nef indique que cet édifice était conçu pour tenir un siège assez long.
Saint-Avit-Senieur
A une heure à pied de Beaumont, nous rejoignons Saint-Avit-Sénieur. Là encore nous sommes surpris par la monumentalité de l’église abbatiale, fortifiée comme celle de Beaumont. Trop petit pour accueillir les pèlerins en route pour Compostelle qui venaient se recueillir sur les reliques du saint, cet édifice fut reconstruit au XIIème siècle.
Une communauté de chanoines réguliers s’y installa, ce qui explique la présence exceptionnelle de Geoffroy du Loroux, archevêque de Bordeaux et ancien chanoine régulier, en 1141 pour la consécration d’un des autels.
Comme la plupart des édifices religieux du Périgord, l’abbaye eut à souffrir des différents conflits. Les Anglais sont responsables de la destruction du chœur pendant la guerre de Cent Ans. Quant aux Huguenots, ils saccagèrent totalement l’abbaye et détruisirent le clocher nord en 1577. Au XVIIème siècle, le cloître et les bâtiments conventuels se sont effondrés et ont été rasés.
Les histoires d'Amadour
METTEZ VOS PAS DANS LA LEGENDE
Ceux qui voudraient en savoir plus sur le monstre qui vivait dans la rivière Dordogne trouveront l’explication en rentrant dans l’église fortifiée de l’ancienne bastide de Beaumont-du-Périgord fondée par les Anglais. Une tapisserie à l’intérieur de l’église nous montre le monstre qui épouvantait la population. On l’appelait le « Coulobre ». La peinture représente le fantastique combat entre le puissant serpent dragon de la Dordogne qui terrorisait et dévorait tous ceux qui naviguaient ou longeaient la rivière jusqu’à ce que l’évêque Saint-Front venu de Périgueux pour le combattre le repousse avec l’aide de ses prières et de Dieu. Pourtant, aujourd’hui encore, il se murmure que le monstre ne serait pas mort, qu’il serait seulement en train de dormir dans une grotte aquatique et qu’il pourrait se réveiller si l’homme continue à faire du mal à la nature et à la rivière…
Enfin, pour ceux qui se perdront sur les chemins autour de Beaumont, ils apprendront que c’est un pays de pierres levées, et couchées, et que les apparitions de « Dame Blanches » (femmes fantômes), ne sont pas rares non loin de ces pierres mystérieuses et des sources.